Confusion des chiffres entre réanimation et soins critiques
Confusion des chiffres entre réanimation et soins critiques
Éclaircissements
Un des principaux indicateurs sur lequel s'appuie le gouvernement français pour justifier ses restrictions sanitaires, la présentation du nombre de personnes en réanimation pour cause de covid n’est pas claire. Explications.
Le nombre de personnes hospitalisées en réanimation pour cause de covid qui nous est indiqué chaque jour par les chaînes d'info en continu et par le gouvernement est issu de Santé Publique France, site recensant toutes les statistiques officielles concernant l’épisode de Covid-19 en France.
1) Le nombre de personnes en réanimation présenté par Santé Publique France représente-t-elle vraiment la réalité ?
Non (jusqu’au 18 mars 2021).
Dans la période la plus forte de l’épidémie Covid-19 en France, par exemple le 7 avril 2020, Santé Publique France déclarait 7 059 patients en réanimation. [1]
Santé Publique France – COVID-19 : point épidémiologique du 9 avril 2020 – page 7
Ce chiffre s’avérait faux puisqu’il représente en réalité le nombre de personnes en soins critiques. Comme il est expliqué dans le rapport de la Cour des Comptes rendu publique le 22 septembre 2021, ce chiffre représente la somme des personnes en « réanimation », en « soins intensifs » et en « surveillance continue » [2]. De plus, Santé Publique France, dans son rapport épidémiologique du 18 mars 2021, annonce que le terme « réanimation » était utilisé pour regrouper l’ensemble des services de soins critiques et a réintroduit le terme « soins critiques » pour être en mesure de différencier les services appartenant à cet ensemble. [3]
Donc jusqu’au 18 mars 2021, une personne placée en soins continue ou intensifs sera comptabilisée comme étant en réanimation par Santé Publique France alors que ce n’est pas le cas.
Les médias mainstreams ont continué de relayer pendant des mois les mêmes chiffres de réanimation incorrects :
2) Distinction entre soins critiques et réanimation
Les soins critiques sont divisés en trois types d’activités : la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue [2] :
• La réanimation : Les unités de réanimation, niveau de prise en charge le plus complexe, doivent être aptes à soigner des patients présentant plusieurs défaillances viscérales aiguës simultanées (par exemple des défaillances circulatoire, rénale ou respiratoire), mettant en jeu le pronostic vital du patient et nécessitant des techniques lourdes de suppléance d’organe. On distingue trois types de réanimation : réanimation médicale, réanimation chirurgicale et réanimation polyvalente.
• Les soins intensifs : Dans le système français, les unités de soins intensifs (USI) sont orientées vers une médecine d’organe, c’est-à-dire spécialisée dans la prise en charge d’une défaillance isolée (cardiaque, neurologique, rénale, etc.) mais potentiellement grave. Du fait de leur caractère non polyvalent, les services de soins intensifs ne sont que partiellement inclus dans les analyses portées par ce présent rapport.
• La surveillance continue : les unités de surveillance continue (USC) assurent la prise en charge des malades qui nécessitent une observation clinique et biologique répétée en raison soit de la gravité de leur état, soit du traitement qui leur a été dispensé. L’objectif était d’améliorer la qualité de l’orientation des patients dès leur admission, permettant pour les patients les moins graves de limiter le coût humain logistique et financier des séjours en réanimation, tout en garantissant une surveillance rapprochée et une prise en charge de bonne qualité. Les USC proposent en effet un environnement de soins moins agressif pour le patient et plus permissif pour l’entourage familial. Il s’agit ainsi de prendre en charge des patients ne relevant pas de la réanimation (pas d’acte de suppléance d’organe au-delà de 24 h), mais qui sont trop sévères pour une structure d’hospitalisation conventionnelle.
Selon la DREES du Ministère de la Santé, le 31 décembre 2019, le nombre de lits en soins critiques s’établissait à 19 600. 28 % d’entre eux se trouvaient en réanimation (5 080 lits pour adultes), 30 % en soins intensifs et 42 % en surveillance continue. [4]
3) Des inexplicables chiffres de répartition des lits dans les soins critiques depuis 2020
La répartition exacte des patients entre les trois services de soins critiques reste inconnue, ce qui empêche de connaître le véritable nombre de personnes en réanimation. Est-ce Santé Publique France qui décide de ne pas donner cette information ou bien les hôpitaux qui livrent un chiffre global non détaillé ? La question reste ouverte. Un autre chiffre qu'il serait judicieux de connaître est le nombre de « personnes en réanimation et en soins intensifs hors-covid » afin d'évaluer la réelle saturation des hôpitaux. Mais la Cour des Comptes dit que « le nombre de lits de réanimation effectivement autorisés et armés n’est jamais publié. Et la part de lits de réanimation réservés aux patients non covid n’est également pas communiquée » [2].
4) Le taux d’occupation des lits de réanimation présenté par le gouvernement français est-il fiable ?
Non.
Depuis mars 2020 pour calculer le taux d’occupation chaque jour, le gouvernement fait le rapport du nombre de personnes admises en soins critiques (réanimation + soins intensifs + surveillance continue) au nombre total de lits de réanimation en capacité initiale en décembre 2019 (5 080). De plus, on sait que parmi les soins critiques, la réanimation ne représentait seulement le tiers des soins critiques en 2019, ce qui génèrera inévitablement des aberrations statistiques comme des taux d’occupation en réanimation supérieurs à 100%.
Exemple : le 7 avril 2020, 7 059 patients placés en soins critiques sur 5 080 lits de réanimation en 2019 = 139 % d’occupation. [5]
Gouvernement – Informations Covid-19 – cartes et données – situation hospitalière – taux d’occupation
À retenir :
Les soins critiques sont divisés en trois types d’activités : la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue.
Jusqu’au 18 mars 2021, Santé Publique France utilisait le terme « réanimation » pour regrouper l’ensemble des services de soins critiques.
Des inexplicables chiffres de répartition des lits et des patients dans les soins critiques depuis le début de l’épisode de Covid-19 en 2020.
Le taux d’occupation en réanimation présenté par le gouvernement se base sur des indicateurs non pertinents. Ce qui donne des résultats statistiques aberrants (supérieurs à 100%).
Sources :
[1] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-9-avril-2020 (page 7)
[2] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-soins-critiques ; https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2021-09/20210922-132-3-1-rapport-soins-critiques.pdf (pages 14 à 15 et 58 à 60)
[3] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-18-mars-2021 (page 28)
[4] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/nombre-de-lits-de-reanimation-de-soins-intensifs-et-de-soins-continus-en-france-fin-2013-et
[5] https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/carte-et-donnees#situation_hospitaliere-taux_d_occupation
Auteur : Covid Recherche Vérité